Il ne veut gui?re imposer une lecon au lecteur mais il nous invite a lire ses observations et ses reflexions
Montaigne, des la toute premiere ligne de son introduction, precise de facon etonnante que son ?uvre est «de solide foi», il ne ment nullement. D’ailleurs il n’ecrit nullement Afin de un simple lecteur ni pour une anonyme renommee mais Afin de une famille. Depuis une certaine agression envers le public, il n’a aucune consideration pour lui. Cela precise beaucoup les rapports qu’il veut entretenir avec lui, et aussi avec ses proches.
Texte de Au lecteur
Au Lecteur
C’est ici un livre de bonne foi, lecteur. Cela t’avertit, des l’entree, que je ne m’y suis propose aucune fin, que domestique et privee. Je n’y ai eu nulle consideration de ton service, ni de ma gloire. Mes forces ne sont nullement capables d’un tel dessein. Je l’ai voue a la commodite particuliere de mes parents et amis : a votre que m’ayant perdu (ce qu’ils ont a faire bientot) ils y puissent retrouver aucuns traits de les conditions et humeurs, et que par votre possible ils nourrissent, plus altiere et plus vive, la connaissance qu’ils ont eue de moi. Si c’eut ete Afin de rechercher la faveur du monde, je me fusse mieux pare et me presenterais en une marche etudiee. Je veux qu’on m’y voie en la maniere simple, naturelle et ordinaire, sans contention et artifice : un procede moi que je peins. Mes defauts s’y liront au vif, et ma forme naive, autant que la reverence publique me l’a permis. Que si j’eusse ete entre ces nations qu’on dit vivre bien sous sa douce liberte des premieres lois de nature,
Montaigne — Mes Essais
Podcast de France inter concernant Au lecteur, de Montaigne
I. Montaigne s’adresse au lecteur
De «C’est ici. » a «. tout d’un tel dessein.»
Le lecteur est directement interpelle et tutoye. C’est interpelle de maniere imperative «t’avertit», «lecteur». Cela reste interpelle et mis a l’ecart. Montaigne declare qu’il n’a pas ecrit ses Essais concernant le lecteur («Je n’y ai eu nulle consideration de ton service»). Le projet de Montaigne parait etre defini negativement «ne … que», «nulle … ni». Montaigne explique que celui-ci ne demande pas de commentaire ni jugement d’la part des lecteurs, puisque votre livre ne un reste gui?re destine («Je n’y ai eu nulle consideration de ton service»). Montaigne se devalorise ironiquement en declarant que celui-ci ne serait nullement assez tri?s Afin de ecrire un livre Afin de tout lecteur («Mes forces ne semblent jamais capables d’un tel dessein»). Tout ceci reste 1 procede Afin de interpeller le lecteur et aiguiser sa curiosite car Montaigne en publiant ses Essais, veut bien sur toucher le plus de lecteurs possible.
II. Montaigne declare qu’il destine cet ouvrage a ses copains
De «Je l’ai voue. » a «. qu’ils ont eue de moi.»
Montaigne declare qu’il souhaite donc limiter ses lecteurs a ses amis («mes parents et amis»). Cela donne une premiere justification a une telle autobiographie : il souhaite lutter contre la mort. L’antithese entre «perdu» et «retrouver» met en valeur une justification. En quelque manii?re l’ecriture permettrait de survivre. Cela se justifie une seconde fois en expliquant que celui-ci ne souhaite gui?re que l’on ait une fausse image de lui. L’autobiographie, d’apri?s lui, met en jeu une communication entre les etres, il est en mesure de ainsi plus se faire connaitre, mieux Realiser savoir votre qu’il est vraiment. «plus altiere et plus vive», il veut bien Realiser connaitre via lui, et l’anaphore de «plus» montre meme que votre ouvrage permettra a ses amis de mieux le connaitre. L’emploi du commentaire «vive» montre egalement que Montaigne considere que l’ecriture de l’ensemble de ses Essais lui permettra en quelque sorte de survivre apres sa mort.
III. Peinture de lui-meme et limite a Notre sincerite